La dualité du design polonais et tchécoslovaque
La dualité qui existe en Pologne en matière de design, comme nous l'avons relevé à travers les différentes entités de production présentées sur notre site, peut être comparée à celle qui touche le mobilier français durant les années 1945 à 1967. Dans ses travaux, Yolande Amic a attiré notre attention sur la coexistence, durant ces années-là, entre les décorateurs-ensembliers, que l’on pourrait appeler traditionnels qui optent pour la pièce unique, et les novateurs qui défendent le mobilier de série.[1]
Néanmoins, en Pologne, la persistance de pratiques traditionnelles semble plus qu’une survivance du passé en raison de la place accordée à l’art populaire dans la culture officielle. On peut se demander si cette importance de l’art populaire n’est pas commune aux régimes associés à l’URSS puisqu’on peut avancer qu’une situation similaire existe en Tchécoslovaquie. En effet, la création de Cepelia en Pologne, au lendemain de la guerre, coïncide avec celle d’Uluv ; cette institution, établie en 1945 [2], est le Centre de la Production de l’Art Populaire [Ústredie ľudovej umeleckej výroby]. Sa dénomination rappelle celle de le Cepelia mais sa nature reste à définir. Néanmoins, elle indique l’importance accordée à l’art folklorique dans le pays voisin. De plus, en Tchécoslovaquie comme en Pologne, l’intérêt pour l’art populaire préexiste à la période communiste et se manifeste par l’existence d’institutions. L’une d’elle continue d’exister après la guerre, comme la Lad en Pologne. Il s’agit de Krasna Jizba (1914 – 1948) [3]. Cependant son destin est différent puisque, au lieu de conserver son indépendance, elle se fond dans l’Uluv [4] en 1948.
Tout comme l’Exposition nationale d'architecture d'intérieur polonaise de 1957 qui remet partiellement en cause la place centrale occupée par l’art populaire en Pologne, l’Exposition universelle de Bruxelles de 1958 semble une occasion de renouvellement pour les tchécoslovaques. L’Exposition a ainsi mis au défi les exposants de produire l’image d’un monde meilleur [5], les incitant alors à être innovants. A cette occasion, la Tchécoslovaquie a bénéficié d’une grande reconnaissance puisqu’elle reçoit alors le plus grand nombre de prix. [6] Cette reconnaissance aura un impact dans le futur, comme le montre l’exposition intitulée le design Tchécoslovaque de l’Expo de 1958 à l’invasion de 1968 [Czechosłowacki dizajn. Od Expo 1958 do inwazji 1968].[7] En effet, cette exposition, tenue à Varsovie en 2017, défend l’idée d’une naissance d’une nouvelle architecture d’intérieur dont les premiers pas seraient montrés en 1958 à Bruxelles. Le succès de cette exposition serait à l’origine d’un nouveau style, le style « Bruxelles » [Brusel].
[1] AMIC, Yolande, Le mobilier français 1945-1964, Paris, Editions du Regard, 1983, p. 4-9.
[2] Uluv, Key milestones from our history, [en ligne], Disponible sur : andlt;http://www.uluv.sk/en/web/uluv-the-cultural-organization/key-milestones-from-our-history/andgt; (consulté le 3.03.18).
[3] GERGELOVA, Barbora et OTCENASEK, Jaroslav, « Lidova remesla a zemedelske prace v cechach, na morave a ve slezsku », Český lid, vol. 96, n°96, 2009.
[4] J, M, « 70 let Ing. arch. Vladimíra Boučka », Český lid, vol. 58, n° 6, 1971, p. 358.
[5] CROWLEY, David, « Humanity Rearranged: The Polish and Czechoslovak Pavilions at Expo 58 », West 86th: A Journal of Decorative Arts, Design History, and Material Culture, vol. 19, n°1, 2012, p. 88.
[6] Informations tirées de l’exposition le design Tchécoslovaque de l’Expo de 1958 à l’invasion de 1968 [Czechosłowacki dizajn. Od Expo 1958 do inwazji 1968] se déroulant à la Maison de la Rencontre de l’Histoire [Dom Spotkan z Historian] à Varsovie du 22.06.2017 au 01.10.2017.
[7] Cette exposition s’est tenue à la Maison de la Rencontre de l’Histoire [Dom Spotkan z Historian] à Varsovie du 22.06.2017 au 01.10.2017.
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