Le rejet du Réalisme Socialiste en Pologne
Pendant la période du dégel, le Réalisme Socialiste est rejeté. Ce rejet est double, puisqu’il est à la fois le fait des artistes et des régimes. En Pologne, la rupture s’opère surtout au moment de l’Octobre polonais de 1956. L’intelligentsia nourrit alors l’espoir d’une totale liberté de création, associée à l’image qu’intellectuels et artistes se font d’un socialisme authentique, que le stalinisme aurait trahit. Ce n’est pas le socialisme qui est donc répudié, mais sa déformation prétendue, caractérisée par un conformisme stérile, des dogmes pesants, des conventions morales, un déterminisme historique et un asservissement à l’égard de la Russie soviétique.[1]
Au niveau du régime, le Parti communiste polonais abandonne lui aussi le Réalisme Socialiste. Il abandonne l’effort pour contrôler toutes les sphères de la réalité et exerce désormais son rôle de contrôle non pas par la contrainte administrative et l’ingérence directe dans l’atelier de l’artiste, mais par la suggestion idéologique et politique. Le principal instrument de la dictature culturelle, le département de la culture du Comité central, est dissous en novembre 1956 à la demande des créateurs et remplacé par un secrétariat aux affaires culturelles, aux pouvoirs et aux effectifs réduits.[2] Dans la pratique, le Parti n’a pratiquement plus prise sur la création artistique pendant quelques mois. Cependant, le gouvernement refuse de céder entièrement son influence sur la culture et continue à prévenir toute activité qui pourrait subvertir le contrôle politique. [3]
Dans ce contexte de relâchement, les artistes s’émancipent du Réalisme socialiste et explorent de nouvelles voies esthétiques. Dans le domaine de l’architecture, l’abandon des priorités idéologiques se traduit par un recentrage sur la vie et les besoins des utilisateurs.
[1] BUHLER, Pierre, Histoire de la Pologne communiste : Autopsie d'une imposture, Paris, Karthala, 1997, p. 365.
[2] Ibid, p. 366.
[3] MACHCEWICZ, Paweł, LATYNSKI, Maya, Rebellious Satellite : Poland, 1956, Washington, Stanford University Press, 2009, p. 246.
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